Opéra International nº245 – avril 2000
Hygiène de l’assassin
L’Opéra Royal de Wallonie dispose, à côté du théâtre Royal, d’une seconde salle, le Petit Théâtre où sont donnés opéras de chambre et ouvrages à petits effectifs. C’est là que vient d’être créée Hygiène de l’assassin, musique et livret de Daniel Schell, une adaptation A la scène du premier roman d’Amélie Nothomb, réalisée en collaboration avec l’auteur.
L’intrigue, efficacement construite en quatre scènes (l’obscurité, le repas, le bain, Léopoldine), préserve les points forts du roman, et notamment la dimension allégorique de la confession du vieil écrivain, malade et croupissant dans ses ordures, mais toujours en quête de la beauté et de l’innocence de l’enfance. Reste que, réduit à la dimension d’un livret d’opéra, le roman perd de sa complexité et de sa puissance.
La musique de Daniel Schell puise à des sources variées – de Bach aux sonorités et aux rythmes indiens -, tout en gardant son originalité et en dessinant des lignes mélodiques aisément identifiables. L’écriture musicale préserve l’intelligibilité du texte, l’orchestration s’effaçant parfois – sans aucune rupture de continuité – pour laisser place à la voix parlée. L’effectif est limité à un sextuor (violon, violoncelle, contrebasse, clarinette, harmonium synthétiseur et percussion) dont les lignes se combinent efficacement, sous la direction de Jean-Pierre Haeck, qui intervient avec finesse et précision.
Le jeune metteur en scène Frédéric Roels se révèle un efficace directeur d’acteurs et sait utiliser avec à propos 1’espace scénique réduit de ce petit théâtre, inscrivant le drame dans un cercle empli de boue et littéralement sculptés par le très précis travail sur les lumières réalisé par Olivier Wéry.
Gilles Wiernick incarne le vieil écrivain avec une belle assurance vocale, tandis que la mezzo Christine Solhosse, le haute-contre Marcel Arpots et le baryton Patrick Pircak forment le groupe des journalistes. A signaler la parfaite articulation de tous ces chanteurs.
Philippe Tahn