Combustibles: Libretto-Video

Livret Video

 

Opéra . Musique de Daniel Schell’ (C Sabam, Belgique 1998). Livret de Daniel Schell’ sur base du roman d’Amélie Nothomb, (C. Albin Michel 1994, représenté par la SACD)

Ce livret video est basé sur la performance qui eut lieu au Théatre XXe, Paris en Décembre 1997. Malheureusement la quelité visuelle et sonore est médiocre. L’interprétation étant toutefois excellente et le document rare, le compositeur a décidé de le publier en tant que référence.

 

Personnages

Le Professeur (dénommé Milan dans le livret) ,             baryton basse

Daniel, assistant du Professeur,                                     baryton

Marina, étudiante de dernière année                              soprano

Le Pianiste (rôle muet)                                                musicien (clavier)

Création: Les 11, 12 et 13 décembre 1997 au XXe Théatre, Paris, sur la demande de Bruno Letort. Puis au Musée des Beaux-Arts de Lille, le 13 Mars 1998. Espace Senghor, Bruxelles, 1-2 Octobre 1998. Commande du Ministère de la Communauté Française de Belgique. Production: L’L, Michèle Braconnier. Mise en scène: Daniel Donies. Direction Musicale et claviers: Patrick Davin et Jean-Pierre Moemaers. Avec Marie-Paule Fayt ( Marina) , Thierry Vallier (Daniel), Alain Blairon (Le Professeur Milan).

L’action en quelques phrases:

(Résumé du Livret, Version du 5 janvier 2003)

Scène 1

D’après Amélie Nothomb: “Au fond de la pièce, une bibliothèque, surchargée de livres, couvre tout le mur. Le reste de la salle frappe par son dénuement: ni table, ni bureau, ni fauteuil, seulement quelques chaises en bois et, à droite, un énorme poêle en fonte.” Dans le mise en scène de Daniel Donies: La pièce principale d’un petit appartement. Côté jardin une porte monte à la chambre. Côté cour la porte de’entrée de l’appartement.

L’action se situe pendant une guerre Barbare, non précisée. Les personnages sont professeurs et élèves du Département de Littérature de l’Université. Le Professeur, 50 ans, discute livres avec son assistant Daniel, 30 ans qui partage son appartement avec lui. On est en plein coeur d’un hiver rigoureux  et le combustible manque cruellement. Plus de chaises, plus de meubles, plus rien à brûler.

“Depuis que les Barbares”


Le Professeur propose plutôt à Daniel d’aller se réchauffer à l’Université quand elle n’est pas bombardée.

Entre Marina, 20 ans, l’amie et étudiante de Daniel.

“La Nature est Injuste”

 

Le Professeur rappelle à Daniel que ce dernier change de “fiancée” chaque année. Daniel lui assure qu’avec Marina ce ne sera pas la même chose: il l’aime. Marina n’y croit pas plus que ça et lui reproche son inconstance en le comparant au Pâris, coureur de femmes, de l’Illiade. Pour se réchauffer, elle leur propose de brûler plutôt les livres qui sont dans la bibliothèque du Professeur. Brûler un livre, mais lequel? Ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la “valeur littéraire” comparée d’auteurs comme Kleinbettingen ou Sterpenich ou encore… Kalidasa et sa fameuse pièce ‘Shakuntala’.

 


Marina s’en va.

Le Professeur et Daniel discutent. Poser la question “Quel livre brûler?” revient au même que “ Quel livre emmèneriez-vous sur une île déserte?”. Avant de brûler les livres, il faudrait les apprendre par coeur, du moins les bons. On  le faisait bien dans l’antiquité.Le Professeur enseigne donc à Daniel le rituel d’apprentissage de la Veda.

‘les Vedas par Coeur’


Rentre Marina. Terrorisée, elle annonce que la cité universitaire a été bombardée.

Scène 2

Le Professeur, Marina. Même pièce.

Marina s’interroge: “Me voyez-vous me marier? …Y a-t-il un sujet qui vaille au coeur d’un poêle?”. Elle est d’avis que non. “L’enfer, c’est le froid.

L’Enfer c’est le Froid

 

Le Professeur l’invite à bouger, à sortir.

Moins froid Maintenant


Mais comment pourrait-elle sortir, alors qu’on se fait tuer dans la rue. Se suicider, facile. Il suffit d’aller se promener sur la grand-place pour attraper une balle. Marina annonce qu’après le dernier livre, c’est ce qu’elle fera.

Le Professeur lui propose de danser. Un climat d’érotisme sur le mode attraction-répulsion s’installe entre eux. Elle couche avec lui pour profiter “de son ventre brûlant”.

Scéne 3

Daniel, Le Professeur, Marina. Même pièce.

Daniel et Le Professeur  ont passé la nuit à étudier les dix derniers ouvrages par coeur, comme le faisaient les Aèdes pour préserver l’Illiade. Ils reparlent du dernier livre à brûler. Le Professeur s’en désintéresse. Il ne pense plus lui aussi qu’à avoir chaud. Pourtant quand Daniel propose de brûler Le Bal de l’Observatoire de Blatek, Le Professeur refuse soudain. Il pense à  l’histoire d’amour des adolescents Larissa et Jaromil, à la scène du bal, et aux scènes de la Genèse auxquelles il est fait allusion: le match d’impro avec pour sujet le combat de Iaacob et d’Elohim, ou encore le récit d’Adam et Eve…

Marina rentre. Daniel sait qu’elle a couché avec Le Professeur. Elle ne se cache pas de ce répugnant moment. “Je l’ai fait uniquement pour avoir chaud” dit-elle.  La tension se cristallise sur Le Bal de l’Observatoire, dernier refuge de la beauté, dernier vestige de la civilisation. Marina supplie qu’on ne le brûle pas. En vain. Le Professeur jette le livre au feu. Marina se précipite dehors, vers cette “Grand-Place” où les passants sont abattus par les franc-tireurs. Daniel se précipite pour tenter de la rattraper.

Profitant des dernières minutes de chaleur, Le Professeur soliloque. Il va aller retrouver les deux cadavres sur la “Grand-Place” dès que le dernier “Combustible” sera brûlé. Il y restera le temps qu’il faudra.

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Notes sur le livret

Le livret suit à peu de choses près le cours des évènements relatés dans le roman..

Le Pianiste a été rajouté comme personnage muet. Pour des raisons de commodité, le Professeur a été dénommé Milan. Il n’y a toutefois pas de référence au noms “Milan” ou “Le Pianiste” dans le texte de l’opera..

Le roman parle de la Genèse (Le combat de Jacob et de l’Ange, Adam et Eve) ainsi que des Aèdes qui apprennent l’Illiade par coeur. Toutefois ces scènes y sont simplement citées et non pas décrites. Le roman ne contient d’ailleurs aucune citation ni référence à un auteur réel, selon la volonté délibérée d’Amélie Nothomb. Le compositeur a introduit dans le livret des citations de l’Illade et de l’Odyssée (en grec), de la Genèse (combat de Iaacov et Elohim, scène de la séduction d’Eve, en hébreu) , de la Veda et de KAlidAsa (en sanscrit et en anglais)  ainsi que leurs traductions en français. Ces citations sont souvent introduites de manière ambigue afin qu’un auditeur non prévenu y entende du Kleinbettingen ou du Fostoli dans un “sabir” exotique mais non précisé.

Deux scènes de mémorisation: “l’Illiade par coeur” et “Les Veda-s par coeur” ont été ajoutées. Ces références ont été ajoutées par le compositeur qui les utilise volontiers pour leurs aspect rythmique et métrique, pour établir des contre-textes et des images de référence, enfin pour leur matière théatrale. La référence au sanscrit provient essentiellement du fait que les méthodes de mémorisation des textes et chants sacrés pratiquées par les “Aèdes” sont encore en usage courant aujourd’hui en Inde et donc bien connues.

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Version du 18 Mars 2018

C Daniel Schell- Clic Music